DENIS VERREAULT

Denis Verreault, agent technique en circulation et stationnement

Peux-tu commencer par te présenter et nous expliquer ton parcours à la Ville ?

Je m'appelle Denis Verreault et je suis agent technique en circulation et stationnement pour l'arrondissement Pierrefonds-Roxboro. Anciennement, j’ai aussi travaillé dans les arrondissements de Ville-Marie et du Sud-Ouest. J'ai donc pu vivre l'expérience d'occupation du domaine public et des entraves dans différents pôles.


Je suis arrivé à la Ville de Montréal en 2002 comme préposé à l'analyse des appels au SPVM. J'ai par la suite été inspecteur d'arrondissement au Sud-Ouest.


Dans les années 1980, j'ai travaillé sur l’application de la réglementation pour différentes municipalités comme Dollard-des-Ormeaux, Côte-Saint-Luc et Outremont. On peut donc dire que j'ai fait toute ma carrière dans le municipal, avec quelques petites interruptions. Mais mon amour de Montréal m'a ramené au bercail !


Qu'on soit dans l'est ou dans l'ouest, on utilise maintenant tous le même système de demande des occupations et gestion des entraves. Avant, on partageait un logiciel (Détour) mais certains arrondissements ne s'en servaient pas. Il y avait une grosse disparité entre les technologies d'un arrondissement à l'autre. Ici même dans mon arrondissement, on utilisait des classeurs Excel jusqu'en 2019. Le SCA nous aide à nous harmoniser dans nos pratiques de cet outil unificateur.

Peux-tu nous expliquer tes principales responsabilités ?

Quand on fait l'analyse d'une demande, on doit s'assurer que l'autorisation qu'on donne minimise l'impact sur la circulation. Par exemple, on pourrait autoriser une entrave seulement la fin de semaine ou de nuit, en fonction du contexte. Il est aussi important de tenir compte du contexte géographique de la demande. On s’imagine parfois que certaines infrastructures sont moins achalandées mais il faut toujours faire une analyse. Dans le cas d’une école, même si elle n'est pas sur une grande artère, elle va occasionner plusieurs déplacements en raison des parents qui viennent conduire et chercher leurs enfants. Il faut donc en tenir compte si une demande est effectuée à côté de celle-ci.


On doit s'assurer d'éviter les conflits entre entraves. Les entraves qui sont déjà présentes vont potentiellement occasionner des détours et il faut en tenir compte dans les nouveaux détours proposés. Tout cela est sujet à une bonne analyse car le chemin de détour doit être cohérent, logique et coordonné. On doit aussi faire en sorte que les entraves ne causent pas trop de perturbations sur la vie des citoyens. Par exemple, il faut mesurer l’impact du bruit que les poids lourds et autobus auront en empruntant des rues résidentielles. Il faut aussi s’assurer que les couloirs empruntés soient suffisamment larges pour ces véhicules.

Quelles sont les contraintes que vous pouvez donner pour réduire les impacts sur le citoyen?

On peut imposer un horaire défini afin que les travaux ne se fassent que durant le jour. Même si l'entrave demeurera permanente le temps du projet, les impacts sur les citoyens seront ainsi amoindris.


Il faut souligner que sur des axes de mobilité très achalandés, il est parfois inévitable de faire les travaux de nuit. Autrement, la fluidité de la circulation en serait trop affectée durant la journée.


En résumé, si on veut faire un bon travail, il ne faut pas seulement se concentrer sur l'endroit de l'entrave mais aussi sur tout l'environnement avoisinant. Il faut se demander quels impacts l’entrave entraînera sur la mobilité des résidents et des automobilistes en fonction de l’entourage en périphérie. Y a-t-il un chemin de fer, un hôpital, une caserne de pompiers, un poste de police, etc… ?

Quelle a été l’évolution de votre processus de prise de demandes ?

Jusqu’à récemment (2015 dans l’arrondissement du Sud-Ouest), tout était fait par fax. Ceci générait un montant incroyable de papier.


On est ensuite passé à un formulaire en ligne. C'était déjà beaucoup mieux, mais chaque arrondissement se retrouvait avec ses propres formulaires. Ainsi, un entrepreneur qui avait des contrats dans plusieurs arrondissements se retrouvait à devoir chercher, remplir et envoyer plusieurs formulaires différents.


Le gros avantage d'AGIR, c’est d’harmoniser la procédure de demande. Peu importe l'arrondissement, c'est la même façon de faire. Dès qu'il a son compte organisation, l'entrepreneur peut faire sa demande et elle sera traitée de la même façon, peu importe l'arrondissement où il intervient. La géolocalisation est aussi beaucoup plus précise. Par exemple, on peut maintenant tracer un polygone et ça permet de savoir exactement où sera l'entrave. Avec les formulaires qu'on avait avant, on devait essayer d'interpréter la demande. Autre avantage, la demande de l'entrepreneur est directement transmise dans le système. Avant, il fallait prendre la demande en formulaire puis la retranscrire dans l'ordinateur. On a beaucoup moins de manipulations à faire : plus besoin d’imprimer, plus besoin de classer en ordre numérique, envoyer un confirmation de fax, etc. Dans les cas les plus simples, on est donc passé de 30 minutes à 10-15 minutes pour émettre un permis. C’est une économie de temps de plus de 50% !

Voyez-vous d’autres bénéfices à l’utilisation d’AGIR ?

On ne le mentionne pas souvent mais un des bénéficiaires directs est le citoyen. En effet, le 311 et les agents de communication sociale (ACS) ont accès à AGIR en mode consultation. Alors qu'une demande d'information sur une entrave de la part d'un citoyen prenait une semaine, les ACS peuvent maintenant répondre immédiatement aux citoyens. On peut leur dire dans combien de temps la voie publique sera libérée. On sauve du temps dans tout le processus de requête et le citoyen a été bien servi.

En tant qu’agent technique, comment faites-vous vos analyses ?

On connaît nos artères, axes de mobilité, circuits d'autobus, pistes cyclables, règlements sur le camionnages (18 roues), etc. Lors d'une entrave importante, on demande un plan de signalisation. Les ingénieurs doivent nous proposer une signalisation pour dévier les voies, avec un plan de détour. Il faut ensuite valider le plan de signalisation, qui peut être incomplet ou ne pas considérer certaines conditions. On a besoin aussi de la participation des travaux publics pour nous aider à coordonner les entraves.

Quels sont les principaux défis dans votre travail ?

Le plus gros défi de ce côté sont les entrepreneurs qui font leur demandes de permis sans respecter les délais raisonnables.


Il y a aussi la question des véhicules hors norme, où c'est parfois plus compliqué à évaluer.


On peut aussi parler des permis de tournage de cinéma qui auront des impacts sur la vie des résidents ; plusieurs places de stationnement seront monopolisées par l'équipe du tournage. Parfois, il faut envoyer une communication aux résidents pour les prévenir de ce type d'entrave.

Au-delà d’AGIR, comment traitez-vous les autres demandes citoyennes ?

Une fois par mois, on a un comité de circulation. On peut y analyser les demandes permanentes de citoyens (ex: réduction de la vitesse maximale sur un axe, dos d'âne, etc.) et les propositions faites par les agents techniques. Le comité est présidé par le maire d'arrondissement et composé de chefs de direction, chefs de division, chefs de section, ingénieurs, agents techniques, policiers, commandant du poste de quartier, travaux publics et citoyens. Le comité de circulation est composé d'environ une dizaine de personnes.


Ce comité sert à faire une analyse dans les différents besoins et demandes des citoyens. Cette analyse doit être claire et définie en observant les normes du ministère des transports, les distances nécessaires, les bons panneaux, etc.


Chaque demande citoyenne est personnalisée, avec un accusé de réception et un suivi. Dans notre arrondissement (Pierrefonds-Roxboro), pour changer la réglementation de circulation et stationnement, nous n’avons pas de règlement de décision délégué au directeur. Lors du comité de circulation, l'agent technique présente chaque dossier aux membres du comité de circulation et donne son avis technique pour discussion. Si les modifications réglementaires sont acceptées, la recommandation retenue par le comité est soumise au conseil d’arrondissement pour résolution et finalement acheminée aux Travaux publics pour réalisation.


Même si le comité de circulation traite rarement de permis, il peut être utilisé comme tribune pour faire circuler de l'information sur les permis qui concernent des entraves de longues durée.

Aurais-tu des demandes d’améliorations ou des suggestions pour AGIR ?

Éventuellement, je voudrais qu’AGIR soit la porte d'entrée unique pour toutes les demandes d'occupation du domaine public, pas seulement les permis d'occupation temporaires mais les occupations périodiques et permanentes. Par exemple, les cinémas, les véhicules hors normes. Il faut encore prendre les informations d'un formulaire et les retranscrire dans notre système comme on le faisait avant. Il faudrait que ça fonctionne de la même manière peu importe la requête.


Avec les café-terrasses aussi, on doit avoir une autorisation hors du logiciel et y ajouter une note par la suite.

Le mot de la fin ?

En général, je suis très impressionné d’AGIR-Permis. C’est un logiciel qui harmonise la procédure pour l'île de Montréal au complet. C’est facile à utiliser pour nous, ça aide le citoyen et il n’y a pas de surprise pour les entrepreneurs. La demande se fait de la même manière d'un arrondissement à l'autre. Il n'y a plus d'excuses maintenant !

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