DRISS EZZAHER

Driss Ezzaher

Peux-tu commencer par te présenter et nous parler de ton parcours professionnel?

Je suis actuellement chef de division au service de la concertation des arrondissements. Je suis notamment responsable des activités de l’Escouade Escouade. Je suis aussi responsable de la section de la gestion animalière.


Je suis au service de la concertation depuis 2019. Avant, j’ai travaillé une dizaine d'années à l’arrondissement de Ville-Marie comme chef de division, responsable notamment de l’occupation du domaine public. Il y a donc une continuité logique et un lien très étroit avec le projet AGIR. Dans l’historique du projet AGIR, j’ai même été impliqué dans l’établissement des besoins qui ont mené à la genèse du projet!

Où étais-tu avant d’arriver à la Ville de Montréal ?

Au niveau académique, j’ai un baccalauréat en gestion des opérations (GOP) de HEC Montréal. Suite au baccalauréat, j’ai fait une Maîtrise en administration des affaires spécialisée en Logistique et transport. J’ai un parcours scolaire en lien avec la logistique et les transports, en cohérence avec les fonctions que j’occupe actuellement.


Professionnellement, j’ai commencé au réseau de transport de la ville de Longueuil (RTL), où j’occupais des fonctions liées au service de la répartition de la logistique et des transports en commun.


J’ai ensuite occupé un poste de directeur des opérations à l’Agence Métropolitaine de Transport (AMT).

Peux-tu m’expliquer tes principales responsabilités à titre de chef de division de l’Escouade Mobilité ?

Les activités se font surtout sur le volet opérationnel et le volet planification. Pour le volet opérationnel, on s’assure que les équipes interviennent au bon moment et avec la qualité désirée pour minimiser l’impact sur les déplacements des citoyens. Pour le volet planification, il s’agit d’activités de sensibilisation/inspection planifiées d’avance et échelonnées sur une période pré-déterminée.


L’Escouade Mobilité a été mise en place en 2018 dans les arrondissements Ville-Marie, Sud-Ouest et Plateau. Il s’agissait alors d’une piste de solution pour répondre aux priorités de la nouvelle administration. L’objectif était de mettre en place l’Escouade pour l’ensemble de la Ville de Montréal. On a pu se concentrer sur ces arrondissements afin de développer l’équipe, la mécanique avec les partenaires et la force d’intervention. Peu de temps après, il a été possible d’utiliser les acquis du projet pilote pour élargir le périmètre d’intervention de l’Escouade et couvrir l’ensemble de la Ville de Montréal.

Quelle est la mission principale de l’Escouade Mobilité?

L’idée générale de l’Escouade est de minimiser l’impact de la présence des entraves surtout imprévues sur le domaine public, sur la mobilité des citoyens. On parle de toutes sortes d’entraves sur le domaine public (imprévu et sans permis). Ca peut aussi être ce qui est déjà prévu et qui a un permis mais qui ne respecte pas les conditions rattachées au permis. On va alors intervenir pour faire respecter les conditions rattachées (règles d’affaires). Dans certains cas, on a même des occupants qui ont un permis et qui respectent les règles d’affaires mais dont l’impact est plus grand qu’anticipé sur la circulation. On travaille alors avec eux pour revoir la façon de se déployer sur le domaine public.

Quel est le domaine d’intervention de l’Escouade Mobilité ?

On intervient sur les déplacements actifs (corridors piétons, pistes cyclables), les axes de transports collectifs (voies réservées, arrêts d’autobus, débarcadères) et les voies véhiculables générales.

Quels sont les recours des inspecteurs de l’Escouade Mobilité ?

Pour qu’ils puissent avoir une force de frappe appropriée, on a dû obtenir des pouvoirs réglementaires, dont la possibilité d'émission de constats d’infraction pour les inspecteurs. On parle presque d’une “police de corridor” ou “police de mobilité” mais on ne l’appelle pas comme ça pour éviter la confusion avec les membres du SPVM.

Quelles sont les horaires d’activité de l’Escouade?

L’Escouade est présente sur le domaine public 7 jours du 7. La semaine, on est présent de 5h00 AM à 13h00 puis un quart de soir reprend le relais et se termine à 21h30. Le weekend on est présent de 8h30 à 16h00.


Commencer à 5h permet d’anticiper les problématiques avant qu’elles ne prennent trop d’ampleur. Avant la mise en place de l’Escouade, il y avait des interventions mais on arrivait souvent trop tard. À titre d’exemple, le mal était déjà fait pour une intervention à 7h00.

Peux-tu nous donner un exemple d’intervention de l’Escouade?

Un bon exemple serait un cône orange qui a été oublié à la sortie du pont Jacques Cartier. L’impact d’un oubli comme ça peut être colossal sur les 75 000 personnes qui vont travailler en utilisant cette artère. Dans un cas comme ça, une des priorités de l'Escouade sera d’aller voir les accès de la Ville et vérifier s'il y a quelque chose qui entrave la mobilité. Lorsque le citoyen arrive vers 6h30, il ne se rend pas compte de ces interventions et c’est tant mieux; il faut que ça soit transparent! Par ailleurs, on ne veut pas que ça soit au citoyen de rapporter des entraves. On veut que ce soit notre équipe qui intervienne avant même qu’un citoyen n’ait à signifier quoi que ce soit. On veut intercepter le tout pour garantir une transparence au citoyen.


D’autres exemples d’entraves peuvent être des branches d’arbres, des cônes, des camions d'entrepreneurs qui ne sont pas à la bonne place, un chantier qui doit se déployer à 9h00 mais qui arrive en avance, etc.

Est-ce que l’Escouade est répartie dans chacun des 19 arrondissements?

Oui, nous sommes très fiers d’être présents dans les 19 arrondissements! Nos chiffres parlent d’eux-mêmes : on a effectué 30 000 interventions sur le domaine public en 2021 et près de

70 000 depuis 2018! Chacune de ces interventions a été documentée et on est capable, pour chacune d’elles, d’en connaître la nature et de constater la situation avant et après. On a aussi un niveau de criticité qui est accordé par l’inspecteur qui intervient. A partir de cette notation, un message peut être diffusé aux partenaires internes avec une fiche d’intervention qui signifie le problème de circulation avec les détails. Ensuite, cette fiche peut même être partagée directement via un lien avec des chroniqueurs de circulation.


Avant 2019, la Ville faisait souvent les manchettes pour des problèmes de circulation. Ceci a beaucoup changé depuis la mise en place de l’Escouade Mobilité. On peut même dire que c’est le jour et la nuit au niveau de la prise en charge opérationnelle et des impacts sur la circulation.

Peux-tu nous parler de l’équipe et de son fonctionnement?

Il s’agit d’une petite équipe, composée de seulement 16 inspecteurs. Ceux-ci doivent couvrir l’ensemble des arrondissements. Pour y arriver, les territoires sont bien déterminés. On a mis en place des parcours qui couvrent un ensemble d’axes inter-arrondissements. Ceci fait en sorte que le déplacement du citoyen qui traverse plusieurs arrondissements se fasse de façon appropriée.


Au lieu d’avoir des assignations dédiées par arrondissement (une personne par arrondissement), on a mis en place 4 gros parcours (Nord, Nord-Est, Sud-Est et Sud-Ouest). Ceci englobe plusieurs arrondissements avec des axes inter-arrondissements couverts avec une seule ressource. Ces parcours reflètent la réalité parce que l’occupation du domaine public est variable d’un arrondissement à l'autre. Par exemple, un arrondissement comme Ville-Marie sera toujours plus achalandé que celui de Lachine ou Verdun.

On a beaucoup parlé des interventions, peux-tu nous parler du volet planification opérationnelle?

Dans ce volet, on a des inspecteurs qui font des blitz thématiques afin de faire de la prévention sur des problématiques d’importance. Ces opérations sont planifiées et circonscrites dans le temps. Par exemple, pour la sécurité aux abords des écoles, on vient de terminer une opération couvrant 330 écoles. Entre chaque école sur un périmètre de 500 mètres, on a vérifié les traverses piétonnes, les débarcadères pour les parents, la signalisation, la présence d’entraves, etc.


Dans cette optique de planification, l’Escouade est là pour faire de la prévention et non pas pour sévir.

Peux-tu nous expliquer comment l’Escouade Mobilité tire avantage du projet AGIR ?

On vient tout juste de finaliser la mise en place d’un pilote pour les occupations de courte durée (OCD) avec les RTU.


Imaginez une situation où nos partenaires (Hydro-Québec ou la CSEM) ne pouvaient pas obtenir de permis assez rapidement lorsqu’une urgence se produisait sur un de leurs actifs. Comme ces partenaires sont aussi des mandataires de l'État, on se retrouve potentiellement avec une entité publique qui donne une contravention à une autre entité publique. Le module OCD permet maintenant aux partenaires externes à la Ville de Montréal de signaler leurs présence d’entrave puis d’obtenir un permis d’occupation temporaire du domaine public instantanément. La seule condition est de s'engager à respecter un certain nombre de règles d’affaires.


Ces entraves sont intégrées directement à l’outil AGIR-Permis, et les inspecteurs de l’Escouade ont accès à ces informations, qui sont décloisonnées. Ils peuvent donc rapidement savoir si le partenaire RTU avait ou non un permis et si oui, s’il respecte les règles d’affaires.

Finalement, comment s’assure-t-on que les gens ayant des permis d’OCD respectent bel et bien les règles d’affaires?

Il s’agit d’abord d’une relation basée sur la confiance. Comme on vise la fluidité et la rapidité, il n’ y a pas une équipe qui valide les demandes préalablement. Ces permis sont émis immédiatement, avec une entente de respect des règles d'affaires de la part des RTU. Si jamais un RTU contrevient aux règles d’affaires, les inspecteurs vont le constater sur le terrain. Il y aura ensuite un arbitrage pour voir comment régler le problème. L’Escouade Mobilité encadre ses règles d’affaires et accompagne les partenaires pour en favoriser le respect.

Le mot de la fin

La mobilité, c'est comme les dominos : une entrave peut générer des répercussions sur plusieurs rues, des rues congestionnées entraînent des impacts négatifs et économiques pour l'utilisateur de la route.


Ici, c'est une question de prévention et de sensibilisation avec tous les utilisateurs en mouvement. La Ville progresse, se donne les moyens mais il y aura toujours une entrave ici et là et c'est inévitable. Malgré cela, on travaille pour que ça passe inaperçu.

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