PATRICK RICCI

Patrick Ricci, Chef de section - conception et réalisation des projets d'ingénierie - SIRR

Depuis combien de temps travaillez-vous à la Ville de Montréal ?


J’ai commencé mon parcours à la Ville de Montréal en 2009, dans la division des feux de circulation. Pour mon premier mandat, je suis rentré en tant qu’ingénieur de système. La division avait pour objectif de mettre en place des systèmes de transport intelligent pour intégrer l'intelligence aux transports et à la mobilité. En fait, c’est la division des feux de circulation qui a été un grand promoteur de la mobilité à la Ville. J’avais un rôle d’intégrateur dans les systèmes. Autrement dit, j'ai interconnecté tous les systèmes des feux de circulation ensemble afin de collecter l'information pour donner l’état de la circulation en temps réel. Ces technologies appliquées nous servent à avoir une ville plus intelligente.


Mon deuxième mandat était la mise en place du système de contrôle, qui est devenu ce qu’on appelle aujourd’hui le centre de gestion de la mobilité urbaine (CGMU). A cette époque, on partait d’absolument rien. La ville de Montréal à mis en place le plan de transport afin de mettre à jour les pratiques en mobilité. Ce plan incluait la mise en place d'un centre de gestion à la grandeur du territoire montréalais et collaboratif avec tous les partenaires en gestion de la mobilité de la grande région métropolitaine. Pour établir les bases du CGMU, nous avons dû faire une veille stratégique pour étudier ce qui se faisait ailleurs. Nous avons visité plusieurs grandes villes qui avaient déjà des systèmes en place, dont Toronto et Ottawa. Nous avons tout mis en place : la salle, les écrans, les serveurs, les processus, les technologies à déployer sur le terrain dont les caméras, les détecteurs, la réseautique, etc. Une fois tout en place, j'ai occupé le rôle de chef d'équipe et je suis devenu le responsable des opérations, jusqu'en 2020.


J’ai ensuite accédé à un nouveau poste de chef de section en gestion de l'actif pour la Voirie et l'Éclairage. Comme en témoigne mon expérience, mes connaissances étaient surtout concentrées autour des systèmes. L'éclairage était familier pour moi mais j'ai dû apprendre l'aspect voirie dans mon nouveau rôle de chef de section.

Qu’est-ce que le CGMU ?


Le Centre de gestion de la mobilité urbaine (CGMU) est la salle de surveillance et de contrôle de la circulation du réseau artériel de la Ville de Montréal. Il possède deux principales fonctions. D'abord, il permet l’optimisation de la mobilité et de la sécurité des usagers de la route dans les déplacements quotidiens. Ensuite, il a une fonction de sécurité civile en servant de cellule de crise lors de situations urgentes ou de catastrophes.


Plus de détails

Peux-tu nous parler de ton poste actuel ?


Notre division, avec la section pont et tunnel, a pour mission de maintenir la condition des actifs de mobilité tout au long de leur cycle de vie à un niveau permettant le déplacement des usagers et des biens de façon sécuritaire, efficace et confortable. Nous devons stimuler l’implantation d’initiatives innovantes et considérer les meilleures pratiques afin d’assurer la résilience de la Ville.


L’équipe voirie est responsable de la planification des interventions de reconstruction et réhabilitation des actifs de voirie dans le réseau artériel soit les chaussées, les trottoirs et récemment du réseau cyclable. L’équipe est composée de 3 ingénieurs et d’un agent technique. Les principales activités de l’équipe sont :


  • Inventaire et auscultation ;

    • Chaussées - trottoirs - voies cyclables ;

  • Détermination des besoins ;

  • Planification des interventions ;

  • Réhabilitation, reconstruction, palliatif ;

  • Réfections ponctuelles ;

  • Expertise technique.


De façon complémentaire aux activités énumérées, l’équipe est également sollicitée pour d’autres initiatives en lien avec l’entretien du réseau routier dont le remplacement des glissières de sécurité endommagées, les opérations de colmatage des nids-de-poule et la réhabilitation des zones d’arrêts d’autobus. L’équipe assure également un lien avec d’autres unités de la Ville dont le Service de l’eau pour la mise à jour en continu du plan d'intervention eau-voirie, l’équipe AGIR pour le respect des moratoires et l’échange d’informations avec la section du consentement municipal.


L’équipe éclairage est responsable de la gestion des actifs d’éclairage dans les rues du réseau artériel ainsi que du projet de remplacement des 132 000 luminaires à la technologie DEL. L’équipe est composée de 3 ingénieurs, un conseiller en aménagement et de 2 agents techniques. Les principales activités de l’équipe sont :


  • Inventaire et détermination des besoins ;

  • Planification des interventions ponctuelles ;

  • Projets spéciaux ;

    • plan lumière ;

    • approvisionnement ;

  • Expertise ;

  • Projet de conversion des luminaires à la technologie DEL.


En plus des activités inhérentes aux opérations internes de la division, l’équipe éclairage est sollicitée fréquemment en raison de leur expertise pointue. Ainsi, les projets des partenaires incorporant des actifs d’éclairage, les initiatives des arrondissements impliquant une alimentation ou l’installation à partir des lampadaires nécessitent une attention particulière de l’équipe. Une priorisation des demandes d’accompagnement est requise en raison de la capacité limitée des ressources de l’équipe.



Peux-tu nous parler de la structure de ton équipe ?


Pour la voirie, nous avons trois ingénieurs qui se partagent les territoires et les différents programmes (maintien de la chaussée, maintien du trottoir, maintien atténuateur d'impact, arrêts d'autobus, etc). Nous avons aussi un agent technique en géomatique qui contribue à la cartographie et à la normalisation, la gestion des données, etc. Au total, la voirie couvre plus de 2000 km de chaussée et 3000 km de trottoir. L’agent technique nous permet de gérer les données sur l’actif pour en évaluer l'état.


Pour l’Éclairage, nous avons trois ingénieurs, un urbaniste, et deux agents techniques. L'urbaniste contribue aux programmes comme le plan lumière, qui couvre l'éclairage architectural qu’on peut observer dans le Vieux-Montréal. Le plan lumière éclaire notamment les bâtiments historiques, pour qu'il y ait une uniformité dans le type d’éclairage. Un ingénieur travaille sur la gestion d'actifs et les deux autres font le projet de conversion DEL des lampadaires de toute la région métropolitaine (134 000 lampadaires au total !). Ils ont deux agents techniques pour les supporter dans le projet de conversion. Une fois que l'équipe aura terminé ce projet, elle pourra se concentrer sur la gestion des actifs.



Qu'est-ce qui distingue la Voirie des autres services qui utilisent AGIR ?


Quand on bâtit une maison, il faut s’assurer d’avoir bien installé la plomberie et l’électricité avant de fermer les murs. Si on voulait faire une analogie, ça serait la même chose du côté de la voirie, qui se trouve être la couche finale. Du moment où on refait une surface et qu’il y a un moratoire, personne ne peut retourner en dessous. Si on n'a pas pris le temps de consulter nos partenaires, ça peut poser beaucoup de problèmes de coordination. Si ces partenaires doivent creuser pour une urgence, cela occasionne des désagréments et enjeux de mobilité aux citoyens en périphérie. De notre côté, dès qu'on a une coupure dans le bitume, sa durée de vie utile s’en voit réduite. Notre investissement perdra donc de la valeur. Si on a une route qui a été faite pour durer 10 ans et qu'on doit la refaire après 7 ou 8 ans, on devra quand même la payer sur 10 ans. Donc on veut s'assurer que si on refait une chaussée, personne ne vient détruire l’actif.


Quand et comment a débuté l'utilisation d'AGIR pour ton équipe ?


Quand je suis rentré dans l'équipe de Voirie et éclairage, l’équipe du SPI reprenait la programmation, qui était faite sous forme de tableau puis en faisait l'analyse de coordination. Maintenant, ces étapes sont combinées dans AGIR Planification


En 2022, la plateforme a été rendue disponible et les requérants ont pu commencé à rentrer leurs interventions. Maintenant, on a hâte d'avoir accès aux fonctionnalités de planification pour mieux aider/centraliser la coordination, qui viendront avec la pré-planification.


Qui s’occupe d’évaluer les avis d'opportunités ?


C'est toujours le requérant d’une intervention qui est responsable des avis d'opportunités qui s’y rattachent.


Avec l’application AGIR-Planification, ce qui est intéressant est qu’on voit directement les projets qui seront planifiés. Il est beaucoup plus rapide d’obtenir les informations dont on a besoin et ça nous évite d’avoir à écrire des courriels aux autres requérants.



Comment AGIR-Planification permet d'améliorer le travail de ton équipe ?


AGIR permet d’avoir une meilleure coordination et ainsi maximiser les investissements en prolongeant la durée de vie utile des actifs. Ceci permet d’augmenter les délais entre deux réouvertures de chaussée, impactant positivement la qualité de vie du citoyen.


Avec la pré-planification, chacun des requérants indiquera son information et la rendra disponible, pour que tous les autres requérants puissent y accéder. En temps réel, on aura les notifications et on pourra faire des commentaires. On aura aussi plus d’autonomie puisque les requérants pourront revenir en arrière avant d’envoyer leur intervention en réalisation. Ceci permettra à chacun des requérants de faire une bien meilleure planification en considérant chacun des besoins des autres requérants, voire même d'identifier des opportunités d'intégration.



Quels ont été les plus gros défis auxquels vous avez eu à faire face en lien avec AGIR-Planification ?


Comme on dépasse les 100 millions d'investissement en maintien d'actif par année, un des enjeux qu'on a est de savoir comment se coordonner avec tous les autres gestionnaires d'actifs.


Une des choses que l’outil AGIR-Planification a permis mettre à jour, c’est le besoin d’avoir une ligne de temps commune pour mieux se coordonner.


A quels besoins AGIR vient répondre dans ton équipe ?


AGIR vient répondre aux besoins de coordination et de partage d'information. Il faut que les autres sachent rapidement si on a partagé l'information et qu’ils aient un meilleur suivi en numérisant l'information.


Avec la géomatique et la numérisation des données, on est capable de partager nos planifications avec d'autres partenaires. Les autres équipes qui font leur planification peuvent accéder à la donnée et l'intégrer dans leur plateforme. Ils se servent de ces données pour compléter ou bonifier leur planification, comme nous le faisons aussi. Cette façon d'avoir accès en mode cartographique aux planifications aide et va aider encore plus avec les fonctionnalités de la pré-planification à réduire le temps de coordination tout en optimisant nos interventions pour le bénéfice du citoyen.



Quelle est la suite pour vous ?


On a déjà l'inventaire des nos actifs (bitume, béton, âge de l'actif, dernière fois qu'on l'a réparé) sur des cartes ou des fichiers Excel mais pas de façon numérique. On a aussi une côte de l'état de l'actif après que nos experts aient fait l'auscultation. On va donc développer les outils pour gérer toutes les données.


Même si elles ne sont pas actuellement hébergées sur AGIR, on voudrait que nos partenaires puissent aussi accéder aux données sur nos actifs. Éventuellement AGIR pourra consulter nos données et pousser les données dans la base de données de la voirie après un cycle complet.


Une fois que le cycle est complet, les données issues d’AGIR vont devenir un intrant important pour le prochain cycle de planification.


Un souhait pour la suite du projet ?


J’aimerais que tout le monde mette la main à la pâte pour faire évoluer ce beau projet. Pour comprendre ce qu’AGIR-Planification peut faire pour elles, les équipes concernées doivent participer et adopter l’application.



Le mot de la fin ?

Tout comme un lampadaire ou un trottoir, l'application AGIR est un actif. Elle ne se maintiendra pas sans avoir une équipe d’exploitation qui veille à sa pérennité. Si il n'y a pas de maintien de l'outil, il va tomber en désuétude et tout cet investissement n’aura servi à rien.

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